Biographie:


Joseph Le Gall, dit Job le sculpteur de Locronan, est né à Sainte-Sève à proximité de Morlaix, le 29 décembre 1907 et est décédé à Douarnenez, 14 mai 1981. JOB était un sculpteur breton dans la lignée des imagiers du moyen âge qui s’installa au village de Locronan en 1929 où il travailla jusqu’à ses derniers jours.

Carte personnelle de Job à ses débuts, Collection Hervé Le Bihan, Locronan


Un article de la revue régionale bretonne ADSAO raconte ses origines méconnues. JOB aurait poussé son instruction jusqu’au certificat d’étude puis commencé sa carrière de sculpteur comme apprenti ébéniste à l’atelier de Mr Kerautret de Morlaix où il serait resté entre trois et quatre ans. Il a travaillé ensuite à l’atelier Tréanton à Morlaix, galerie d’antiquité, atelier de restauration et sculpture. Chez Tréanton, il commence sa carrière dans la sculpture de saints bretons. Ensuite, Il part faire son service militaire en Afrique aux tirailleurs algériens. A son retour, il se serait rendu à Paris où il n’aurait travaillé qu’une brève période dans un atelier d’ébénisterie.

En 1929, il se fixe à Locronan. A ses débuts, il vit dans un grenier loué au milieu d’instruments agricoles et y travaille de la restauration de mobilier breton mais surtout de la sculpture. On se rappelle de lui à l’établi en plein air, maillet et ciseau en mains, sur la place de l’église. Les archives de l’époque semblent le décrire comme réalisant une performance, au vu des passants, lui entouré de ses statues, du matin au soir par tous les temps de l’année.

A partir des années 1930, on le retrouve régulièrement dans les foires locales où il suscitait de la fascination par sa rapidité dans la taille à sortir un portrait, de personnages folkloriques et personnalités politiques. D’âme voyageuse et bohème, JOB parcourait les villes de France, en stop, au rythme des foires artisanales et des saisons touristiques, Nantes, Paris, Megève, Nice notamment. JOB était devenu un portraitiste reconnu pour son habileté à créer un buste à partir seulement d’un modèle photographique, avec la rapidité de le sortir d’un bloc de chêne en quelques heures d’une journée. De ses voyages à travers la France, il aurait ramené de Montmartre la technique du silhouettiste. A la saison estivale de Locronan, on le voyait “croquer” plus d’une centaine de silhouettes par jour.

Au début des années 1950, il rencontra Eliane qui deviendra son épouse et la responsable de l’application de la polychromie et de la patine au feu donnant un aspect ancien au bois. Ensemble, elle au volant, ils roulaient d’églises en chapelles où il réalisait sur place les calques et les prises photographiques qui seraient ses modèles d’inspiration.

Son atelier en haut de la place était devenu son magasin et lieu d’exposition où le public pouvait admirer les saints et bustes bretons, récemment taillés mais à l’apparence d’antiquités. Fidèle à ses débuts, alors arrivé démuni à Locronan, il continuait de sculpter et découper les silhouettes, toujours en plein air, par tous les temps. Il acquit plusieurs propriétés et développa son activité à l’aide de machines mécaniques avec une envergure presque industrielle.


JOB l’imagier continue encore aujourd’hui d’être une figure indissociable du village de Locronan; Modèle des cartes postales à son éternel poste du coin de la place, ou bien sculptant face à son atelier dont la façade était ornée de ses images, tel un temple de la sculpture médiévale encore en activité parmi les anciennes maisons de granit.


Influences:

Tout au long de sa carrière de sculpteur, il s’inspire des images exposées dans les édifices religieux et calvaires du Finistère.
Saint Christophe, Saint Michel et Saint Roch de l’église de Locronan, Saint Côme et Saint Damien de la chapelle de Saint Nic, le groupe de Sainte Apolline, Saint Alar, l’Ankou de Ploumilliau, ou bien encore Sainte Anne Trinitaire, dévotion particulière du culte breton, sont quelques exemples de son univers de référence.

Son œuvre comprend également des thèmes iconographiques de l’art chrétien comme des épisodes de la Nativité, la fuite en Egypte, le massacre des Innocents inspirés de calvaires monumentaux bretons.

Il se fait également une renommée dans la région à travers ses bustes réalisés en bois, représentant personnalités locales, pêcheurs, ou bien encore célébrités et personnalités politiques. Usant sa mémoire, aidée uniquement de deux photos, face et profil, il a le don de sculpter des bustes d’une frappante ressemblance.

Il accéde à un cercle de personnalités de renommée locale et nationale, peintres, artistes, politiques, par l’intermédiaire de Charles Daniélou, maire de Locronan à l’époque. Les bustes, notamment, suscitaient une grande admiration dans ce milieu. Il fréquente le docteur Augustin Tuset, Jean Moulin et René Quilivic.

(Photographie: Rencontre au manoir de Coecilian, à Camaret en 1932. De droite à gauche: Augustin Tuset, Jean Moulin, JOB, Saint-Pol-Roux, Divine, Rose la servante, le journaliste Roger Louis Pillet et son épouse)

Entre les années 1930 et 1950, Il collabore avec la faïencerie Henriot Quimper pour qui ses modèles de sculptures ont servi à la production d’une édition limitée de Faïences.

Terres Sacrées, Vierges et Saints en Faïences de Quimper

Sources:

Job de Locronan, Collection Question de mémoire, éditions C.M.D, Patrick Denieul.
Job Le Gall, L’imagier de Locronan, L’ADSAO, revue mensuelle, édition été 1934, pages 8-9 ; La dépêche, édition du 28 aout 1934, page 4, René Villard.
Nos Artisans bretons, Quimper et la Cornouaille, édition du mois d’octobre 1933, N°12, page 6-7.

Terres Sacrées, Vierges et Saints en Faïences de Quimper, Antoine Maigné, Editions de la Reinette, 2009, ISBN-10 ‏ : ‎2913566383 ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2913566385.